Mardi
7 janvier 2014
A l'attention de :
- Monsieur René
BIDAL, Préfet des Pyrénées Orientales ;
- Madame Hermeline
MALHERBE,Présidente du Conseil Général des Pyrénées
Orientales ;
- Monsieur Alain
TORRENT, Président de l' Intercommunalité du Vallespir ;
- Monsieur Robert
GARRABE, Maire de St Jean Pla de Corts ;
Madame, Messieurs,
La vallée du Tech
est soumise à un stress hydrique croissant donnant naissance à des
tensions et des conflits d'usage. Cette situation nous oblige
aujourd'hui à une reconsidération des usages des masses d'eau du
bassin versant pour un partage équitable.
C'est dans ce
contexte que le projet de création d'un golf sur la commune de St
Jean Pla de Corts se présente. D'après nos informations, la
consommation minimale d’un golf 18 trous haut de gamme en
Languedoc Roussillon est de de l'ordre de 5000 m3 par jour soit
environ 1 million de m3 par an( arrosage sur 180 jours), ce qui
correspond à la consommation des usagers de deux communes telles que
St Jean Pla de Corts et Céret réunies. Un projet de golf
sous-tend fréquemment un projet immobilier qui ne pourrait alors,
qu'accroître la pression sur la ressource. Ce type de projet est
souvent sujet à débat au sein de l'opinion publique, c'est
pourquoi il s'élabore dans l'opacité et suscite toutes nos
inquiétudes.
Monsieur le Préfet
René Bidal, en 2012, s'est opposé au projet de golf de Villeneuve
de la Raho, Le Président du Conseil Régional, Monsieur Christian
Bourquin s'oppose au projet de golf de Marcevol, le projet de
golf à St Jean Pla de Corts n'a pas aujourd'hui, davantage de
justifications d'exister.
D'après le rapport
parlementaire du Sénat ( annexe
29 » les golfs et l'eau » du rapport sur » La
qualité de l'eau et assainissement en France » )
fondés sur les travaux de l' Agence de l' Eau
Rhône-Méditerranée-Corse; la consommation moyenne d'un golf est de
3800 m3 par hectare et par an. Mais cette moyenne masque les grandes
différences climatologiques et physiques des sols entre les
régions.Les écarts de consommation varient de ce fait de 1 à
1000 ! C'est évidemment dans le pourtour méditerranéen
que l'on observe les consommations d'eau les plus élevées.
Ce projet entre en
concurrence avec d'autres usages des sols et de l'eau. Ces
concurrences seront amplifiées dans les périodes sèches que nous
connaissons. Les effets du changement climatique que nous observons
et les prospectives établies annoncent une réduction des débits
du Tech de l'ordre de 10 % dans un horizon proche.
L'argument d'un golf
écologique est un non-sens face aux faits. L'empreinte écologique
d'un golf de quelque nature qu'il soit est synonyme
d'artificialisation du paysage et de sols rendus très pauvres en
biodiversité. Parmi les activités sportives et de loisirs; c'est
le golf qui mobilise le plus de ressources naturelles en eau et en
sols.
Le devenir des
pesticides et des engrais déversés, même en gestion
raisonnée, sur les terrains de golf avec l'emploi de variétés
de gazon sélectionnés provoque un impact environnemental fort. Les
premiers ravageurs des golfs sont les lombrics, les taupes, les
larves de coléoptères. La lutte contre ces ravageurs nécessite
l'emploi de pesticides et porte atteinte aux insectes pollinisateurs
du territoire environnant et à la faune dans son ensemble.
Les gazons utilisés
du type supportant les coupes rases tel que l'Agrostis
Stolonifera, variété la plus couramment utilisée, nécessite,
chaque année l'emploi, selon les indications du semencier de 100
à 200 kgs à l' hectare d'azote, de 50 à 75 kgs de phosphore
auquel s'ajoute de 250 à 400 kgs de potasse. Les variétés de
gazons employés très spécifiques sont vulnérables aux maladies
car pauvres en biodiversité et il a été observé, dans le
temps, le développement d'une résistance au Roundup qui peut
engendrer une pollution génétique à terme du territoire
environnant.
En amont de cette
gestion, afin de préparer le terrain à l'enherbement, de manière
à obtenir une culture parfaitement homogène, on utilise des
pesticides très toxiques tel le métham suite à l'interdiction du
bromure de méthyle.
La compatibilité des
golfs avec certains oiseaux est difficile telle la présence des
canards des étangs de St Jean dont les aliments et les excréments
dégradent les gazons.
Le projet
d'utilisation des eaux usées envisagé, provenant de la station
de St Jean Pla de Corts-, afin de ne pas impacter sur la ressource
du bassin versant engendre un certain nombre de questions d'ordre
sanitaire et de pollution de la ressource eau. En nous appuyant sur
les études réalisées sur le golf de Girone (Catalogne sud,
Espagne) qui a fait usage des eaux grises pour l'arrosage,
il a été constaté en période estivale la présence de
coliformes fécaux dans le sol, de chlorure de sodium,de chlore en
quantités importantes, ainsi que la présence de métaux lourds et
de résidus médicamenteux. Or, il s'avère que les capacités
technologiques de la toute nouvelle station d'épuration de ST Jean
Pla de Corts ne sont pas en mesure de filtrer les pollutions qui
ont été enregistrées à Girone.
L'effet cumulé de
l'usage des eaux usées associé à celui des engrais et
pesticides employés, même de manière contrôlée, aura
nécessairement un impact négatif sur les nappes aquifères et
altérera la ressource eau particulièrement vulnérable en
période estivale.
Les collectivités
locales organisées au sein du SAGE de la Plaine du Roussillon et
autour du SIGA du Tech -Albères se sont engagées en direction d'
une gestion pérenne des masses d'eau tant sur plan qualitatif que
quantitatif. Un projet de cette nature va à l'encontre de ce
travail d'intérêt général ainsi que des prises de conscience
et des évolutions de comportement qui se font jour. L'action
contre l'utilisation des pesticides et le mouvement de reconversion
d'espaces vert publics, initiatives soutenues par le Conseil
Général, au profit de variétés adaptées à notre climat et à
son évolution en sont des exemples.
Les Pyrénées
Orientales constituent un pays de Cocagne, riche d'une grande
biodiversité et de territoires remarquables.Ces terres de lumières,
inondées de soleil, irriguées par des canaux d'arrosages hérités
d'un patrimoine ancestral ont nourri une économie maraîchère
et horticole exceptionnelle encore vivace aujourd'hui.
La profonde mutation
du monde que nous vivons, nous conduit à mettre en œuvre une
économie et un mode vie plus respectueux de la terre que nous
habitons. La France importe 60% de sa consommation en fruits et
légumes de culture biologique. Nous assistons à une demande qui ne
cesse de croître face aux effets des pesticides sur la santé.
D'autre part, la nouvelle donne énergétique fait nécessité
aujourd’hui de développer des circuits courts. L'agriculture
biologique génère 2,5 fois plus d'emploi que l'agriculture
conventionnelle. Par ailleurs, elle ne produit aucune dégradation
de la qualité de l'eau. Avançons dans cette perspective !
En conclusion,
Monsieur René BIDAL, Préfet des Pyrénées Orientales, Madame
Hermeline MALHERBE, Présidente du Conseil Général, Monsieur Alain
TORRENT, Président de l'intercommunalité du Vallespir, Monsieur
Robert GARRABE, Maire de St Jean Pla de Corts ; nous demandons
l'abandon du projet de golf de St Jean Pla de Corts.
Pour l'Association
des Usagers de l'Eau des Pyrénées Orientales
Le Président ;
Dominique Bonnard
Association Citoyens
dans les Quartiers de Céret
- Madame Hermeline
MALHERBE, Présidente du Conseil Général des Pyrénées
Orientales
- Monsieur René
BIDAL, Préfet du département des Pyrénées Orientales
- Monsieur Alain
TORRENT, Président de l' Intercommunalité du Vallespir
- Monsieur Robert
GARRABE, Maire de St Jean Pla de Corts
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